Voici comment un service rendu peut devenir un casse-tête.
C’était lors d’un passage sur l’un de mes chantiers. Un jour de week-end.
J’arrive à l’appartement. J’entre. Je vois l’artisan. Outils à la main, il finit les bandes de placos.
Je vous passe les « bonjour », « ça va ? », « ça avance »… On discute. Je fais un tour rapide et… il m’arrête, me tend 20€ et me demande :
« Dis-moi… Euh… je suis un peu sale. Ça te dérangerait de me ramener un paquet de clopes ? »
Bon. Le tabac est à 2 pas d’ici. Je peux bien lui rendre ce service.
Je finis mon check rapide… Hmmm… rien à signaler. J’y vais.
J’arrive au petit commerce et prononce ces mots pour la première fois de ma vie: « Bonjour, un paquet de cigarettes s’il vous plait ». Ne me demandez pas la marque. Ma mémoire s’est chargée de glisser cette info dans la corbeille et d’y mettre le feu.
Je donne les 20€ au caissier. Il m’en rend 8. Et, bien sûr, le paquet noir recouvert un petit platique.
C’est là que le temps s’arrête.
Ça a duré quelques secondes. Ressenti : 10 minutes.
Je fixe ces 4 pièces de 2€ au creux de ma main. Je fais les comptes. 12€ le paquet.
12€. Putain !
Je me rappelle que mon père fumait à une époque. Mais impossible de me souvenir le nombre de paquets par jour. Autant me demander la couleur de mon premier biberon.
Mais, à ce moment-là, je consacre une pensée pour certains de mes proches. Des connaissances. Des collègues de bureau… Cet artisan.
Ceux qui s’envoient 1 ou 2 paquets au quotidien. Parfois plus.
Des €€€ qui partent en fumée pendant que leur clope s’embrase. C’est une charge mensuelle astronomique.
Rien qu’un paquet par jour. C’est 360€/mois.
Bordel ! C’est énorme !
D’ailleurs, posons un calcul rapide, vous voulez bien ?
Imaginons un fumeur. 25 ans, exerçant le métier de plaquiste.
Appelons-le Julien.
Julien consomme 20 cigarettes au quotidien. Autrement dit : 1 paquet par jour.
Son budget fumette s’élève à 360€/mois.
Question : si, au lieu de financer ce parasite pour ses poumons, Julien plaçait cet argent sur 20 ans…
Quelle valeur prendra son patrimoine après ces deux décennies ?
Bon. Julien n’aime pas le risque. Il souhaite un portefeuille peu volatile.
Il choisit donc le modèle d’Harry Browne. Le permanent portfolio.
(Note : je vous renvoie vers cet article où je présente plusieurs modèles de portefeuilles, dont celui de Harry Browne 👉 7 Exemples de Portefeuilles pour PEA).
Je rappelle la composition de ce modèle :
- 25% d’actions
- 25% d’obligations long terme
- 25% de cash (obligations <3 mois)
- 25% d’or
La performance moyenne annuelle de ce portefeuille s’élève à 8%. Avec une inflation de 3% par an, on peut considérer que le rendement de ce modèle correspond à 5%.
Bien.
Qu’est-ce que cela donnerait si Julien investissait 360€ chaque mois pendant 20 ans sur un portefeuille de 5% par an ?
Hmmm… Sortons le calculateur d’intérêts composés. Voilà le résultat.
Environ 146.000€ et des poussières. C’est une somme. Une belle somme.
Ce capital serait composé de :
- 86.110 € que Julien aurait investi
- 59.890 € que son portefeuille aurait généré
Considérons que 30% des intérêts gagnés partent dans les poches du fisc.
Sur les 59.890€, il reste donc 41.923€.
Bilan des courses : le portefeuille de Julien s’élève à 128.033€.
Voilà ce que Julien pourrait faire avec 128k€
- Financer un achat de sa résidence principale via un apport
- Injecter des portions de cette somme dans plusieurs projets immobiliers locatifs
- Payer les frais de scolarité, les cours de conduite, la voiture et le logement de son gamin
- Partir en vacances plusieurs fois en famille
- Garder cet argent en cas de gros pépin financier (et gagner en sérénité)
- Se former et lancer une activité qui lui plaira
- Faire plaisir à ses proches
- Préparer sa retraite et éviter les baisses de revenus
- Laisser un héritage à son enfant
Et je suis sûr que d’autres idées vous traversent l’esprit.
Alors, en plus des images de cancer de la gorge et de dents pourries, peut être que nous devrions proposer de nouvelles vignettes pour les paquets de clopes.
Que pensez-vous de celle-ci ?
La cigarette est un poison pour votre santé. Mais aussi pour votre richesse.
Fumer, c’est se ruiner à petit feu. Littéralement.
Bien sûr cet article n’est pas un blâme pour les fumeurs. C’est plutôt une réflexion personnelle que je souhaitais partager avec vous.
Mais si cela peut vous inciter certains d’entre vous à stopper, alors tant mieux.